Après un premier rendez-vous manqué, se présentait une nouvelle occasion de débattre de la loi travail…

Pour la seconde fois, l’examen du projet de loi travail à l’Assemblée nationale a été suspendu en raison du recours à l’article 49.3 de notre Constitution par le gouvernement. Après un premier rendez-vous manqué, se présentait une nouvelle occasion de débattre de la loi travail... de l’amender, de l’améliorer, mais aussi, de montrer aux Français que nous devons être à la hauteur de nos responsabilités et à la hauteur des défis que la France doit relever si nous voulons que les salariés et les entreprises français soient au rendez-vous des mutations de notre société.

Après la révolution industrielle, nous connaissons aujourd’hui une révolution numérique, avec tous les changements qu’une révolution implique dans notre manière de vivre, notre rapport à l’autre, notre manière d’échanger et indubitablement notre manière de travailler. Notre société aborde une transition dans laquelle nous connaissons les inconvénients d’un modèle du passé, désormais inadapté, mais en même temps les inconvénients d’un modèle en construction, encore inachevé et qui ne produit pas encore les effets bénéfiques escomptés.

Pourtant, nous avons l’exigence de persévérer et de préparer l’avenir!

Préparer l’avenir, ce n’est pas se résoudre à un modèle néolibéral qui repose sur la finance et s’affranchit des êtres. Ce n’est pas se résoudre à la loi du marché au détriment des droits sociaux. Nous voyons bien ce qu’a fait la droite sénatoriale de ce texte, qui ignore le compromis et le dialogue, qui ne se voue qu’à la sacrosainte croissance et compétitivité, et prête à recourir au dumping social ou environnemental : abrogation des 35 heures, levé des seuils sociaux, plafonnement des indemnités prudhommales… au mépris d’avancés pour les salariés avec, entre autres, la suppression de la généralisation de la garantie jeune. Un véritable programme électoral alarmant qui devrait nous faire prendre conscience des conséquences à venir des divisions de la gauche…

 Mais se préparer à l’avenir ce n’est pas non plus penser le XXIème siècle avec une armature idéologique élaborée dans les années 1850, ce n’est pas uniquement s’arcbouter sur les acquis sociaux du siècle dernier, alors que le monde de l’emploi, les enjeux des salariés et des entreprises n’étaient pas les mêmes en 1936 qu’aujourd’hui. Le droit des salariés à la déconnexion dans un contexte d’uberisation de la société, prévu par ce texte, en est la meilleure attestation.

Oui, nous pouvons modifier notre code du travail et notre droit social sans que ce changement ne soit nécessairement défavorable aux salariés, ou nécessairement un recul. Le compte pénibilité pour les salariés qui travaillent la nuit ou sur des chantiers en est désormais un bon exemple concrétisé, la création du compte personnel d’activités (formation tout au long de la vie) prévue dans ce texte de loi en est l’illustration.

 Les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont déjà intégré ces changements fondamentaux. Le dialogue social est au cœur du fonctionnement de ce secteur qui a structurellement dépassé la confrontation salariés/employeurs. C’est bien cette économie là que nous voulons soutenir.

Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater l’échec du débat parlementaire, car recourir au 49.3 est toujours un échec. Alors que la commission des affaires sociales avait de nouveau amélioré le texte la semaine dernière, alors que le gouvernement, en lien avec le rapporteur du texte, a apporté de nouvelles garanties en réaffirmant notamment le rôle fondamental des branches pour répondre à certaines inquiétudes légitimes ; quelques minorités de blocage se refusent toujours au compromis, pourtant nécessaire en politique. Ce seont les mêmes qui en première lecture du texte ont fait miroiter l’existence d’une illusoire majorité alternative dans notre Assemblée en signant et votant des motions de censures de tous bords.

Je regrette  pour ma part des postures politiciennes qui empêchent notre pays d’avancer et participent au discrédit de l’action politique. En toute responsabilité, je ne signerai pas et ne soutiendrai pas de motion de censure qui aurait pour seul objectif que de démolir sans définir quel projet et quelle majorité alternative pourraient être reconstruite.

Les élections présidentielles seront l'occasion pour chacun de définir un projet politique.

J'y prendrai ma part, mais j'attends que les plus critiques arrêtent d'être seulement dans la négation des réalités... Qu'ils nous disent ce qu'ils veulent concrètement pour le XXI ème siècle ! 

Les électeurs seront suffisamment adultes pour trancher entre des propositions de l'ultra droite libérale et celles de l'ultra gauche conservatrice.